Perdue dans la nuit...

Une silhouette noire surmontée de blanc. Une fine stature, un corps élancé, des yeux couleur améthyste. La silhouette chancelante de Kirsi qui approchait d'un endroit qu'elle ne connaissait pas. Son estomac criait famine, ses pieds meurtris et gelés martelaient le sol alors qu'elle avançait doucement. Sa tête lui tournait, le vertige manquait de la faire tomber a chaque instant. Son corps, enfantin malgré son âge, la faisait souffrir. Elle se sentait mal, et il lui semblait que ses entrailles se tordaient dans tous les sens. les cheveux de la jeune fille tombaient sur ses épaules en une cascade couleur de neige, ses pupilles violettes scrutaient l'obscurité en tous sens. La lune éclairait faiblement la silhouette chancelante de la jeune fille qui s'écroula, morte de fatigue, de douleur, de faim. Sa vision se brouillait, et elle tendit la main en guise d'appel au secours. Elle ne voulait pas mourir ici. Elle avait fui, fui, et marché sans relâche. Nul part ou aller, nulle idée de l'endroit où elle avait atterri. Aucune idée. Kirsi leva lentement ses yeux indigos sur l'endroit. Mais qui se soucierait d'une adolescente vagabonde au corps d'enfant....? Alors qu'elle fermait lentement les paupières, elle se sentit sombrer... Son esprit voguait déjà, et son corps engourdi se blottissait dans les bras de Morphée. Elle se recroquevilla sur elle même, luttant contre le froid du mieux que son coeur de poupée le lui permettait...

A cette heure pourtant tardive, Wei ne dormait pas. Il s'était réfugié dans son canapé et buvait un thé à la lumière des bougies. Le Heiwa faisait de cet instant détente, un moment particulier, une sorte de rituel qui l'incitait au calme et à la méditation. Mais avant d'aller se coucher, il avait une dernière chose à vérifier.

Le professeur de langues animales sortit un majestueux cardinal de sa cage et le flatta en caressant son doux plumage tout en lui parlant dans un dialecte inconnu. Comme tous les soirs, il lui intima de faire sa ronde quotidienne et d'inspecter les alentours. Pas qu'il méprisait le travail des gardes, juste qu'il jugeait bon de procéder à un simple contrôle complémentaire.

Une demie chandelle plus tard, aux remparts de la cité, un oiseau vint se poser sur une haute branche. Il n'y resta cependant pas longtemps, car il s'envola de nouveau dès qu'il aperçut une forme tremblotante recroquevillée dans le froid.

L'homme s'empressa d'arriver sur les lieux dès qu'il reçut le rapport de la petite créature. Soucieux de l'état de santé de la jeune fille, il s'accroupit à son hauteur tout en la tournant délicatement vers lui afin de voir si elle était consciente ou non.

«Ca va aller ?» lui demanda t'il de sa voix grave mais rassurante.

«As-tu la force de te lever ?»

Un bruit de pas tira Kirsi de sa demi inconscience. Quelqu'un ?
La jeune fille ouvrit lentement ses yeux améthystes et les riva sur l'homme qui se tenait en face d'elle. Elle ouvrit lentement les lèvres, comme pour dire quelque chose. Mais aucun son ne sortit. Elle n'avait plus la force de dire quoi que ce soit.... Son petit corps se recroquevilla sur lui même, dans un froissement de vêtements. Ses cheveux blancs neige tombèrent lentement sur son visage. Dans un effort, elle tendit sa main vers l'homme. Une certaine façon de demander de l'aide. Ses longs doigts fins se refermèrent sur le vide et sa main retomba mollement sur le sol et se rétracta, comme en proie à une grande souffrance. Puis ses yeux améthystes se fermèrent a nouveau. Et elle re sombra dans l'inconscience.

La jeune fille ouvrit les yeux quand il s'adressa à elle. Wei fut satisfait de constater qu'elle était toujours consciente, du moins pour l'instant. Il se rapprocha d'elle quand elle tenta de lui dire quelque chose, mais il ne l'entendit pas ou plutôt elle ne parla pas. Seules ses lèvres remuèrent et l'homme malgré sa concentration ne parvint pas à en déchiffrer le sens. A bout de force, il vit la jeune femme tendre la main vers lui mais il n'eut pas le temps de la prendre. A peine avait-il esquissé un geste dans sa direction, que sa petite main retomba à terre. Une fraction de secondes plus tard, l'étrangère perdit connaissance, toute recroquevillée sur elle même, luttant contre le froid glacial de la nuit.
Wei n'hésita pas un instant, il se découvrit de son long manteau afin de le déposer sur les frêles épaules de la jeune fille et la souleva délicatement pour la prendre dans ses bras vigoureux.
Le mieux aurait été de la déposer à la maison de santé, mais il savait le médecin de nuit déjà surchargé. Les attaques contre le village se multipliaient en ce moment, ci bien qu'ils commençaient à manquer de lits. Pris d'un élan de compassion envers la jeune femme, il décida de l'héberger ce soir chez lui, afin de lui administrer les premiers soins et qu'elle retrouve ses forces.

-> Suite aux appartements de Weibin

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